C'était pire à la préhistoire

Publié le par deadmansad

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Vous n'imaginez pas, vous, les plus jeunes, ce que fut une enfance, puis une jeunesse, gay, sans Internet.

 

Soyons clair. Dès avant les premiers poils, on ne pense qu'à se toucher. Et plusieurs fois par jour. On cherche des images pour s'exciter. Imaginez un monde où toute la pornographie était soit sur papier et inatteignable, soit dans des cinémas aux entrées sévèrement contrôlées. Le moindre truc un peu déshabillé prenait des allures de film de partouze gay à la Géode en odorama et en 3D.

 

Il y eut la Redoute, ou les 3 Suisses. Pendant que mon frère usait les pages des soutiens-gorges, moi, à douze ans, je pâmais devant les pages slips de bain et pyjamas enfants. Je me suis rendu compte de leur effet un jour que je feuilletais par hasard l'un de ces catalogues. A l'époque, point d'affaires scabreuses autour des enfants, les sous-vêtements junior étaient présentés sur modèles. J'avais eu un arrêt devant un petit blond de mon âge présentant torse nu un slip blanc très moulant. Sans comprendre pourquoi, j'avais eu soudainement du mal à respirer, de la sueur sur le front, et les mains moites. Et le simple poids de la tranche du catalogue sur ma braguette, où il se passait des choses, me donnait du plaisir. J'étais resté comme ça en arrêt, commençant à gémir, jusqu'à ce que j'entende ma mère rentrer des courses. J'avais refermé et jeté loin de moi le catalogue avec une violence et un sursaut qui me désignaient comme ayant pratiqué quelque chose de répréhensible, voire d'abominable !

 

Ma mère avait semblée choquée, avait ramassé le catalogue, et l'avait soigneusement rangé. Sans un mot.

 

Le soir même, mon tripotage nocturne se révélait sublime. Je fis donc la corrélation image/plaisir. Problème, je n'osais plus approcher de la came. Pour le moment...

 

Trois jours plus tard, je trouvais sous mon oreiller -  Sans un mot ! Sans parler ! Silence, silence, silence ! - un bouquin d'éducation sexuelle pour les 12/15 ans. La version mêlant des dessins (pour les explications techniques, les vues en coupe, l'accouplement, la gestation) et une galerie de portraits photos de l'enfant à l'adolescent, une double page femmes, et une double page hommes. 

 

Tchernobyl dans mon zgueg. L'ensemble du bouquin, franchement, je m'en foutais. Ça faisait longtemps que je savais pour "le jus dans la chatte de la mère sortant en jets blancs de la pine du papa et qui fait des mômes même que s'il lui colle des baffes sur le cul en gueulant t'aimes ça salope ça semble marcher mieux, et des fois il lui fout dans la bouche et après elle boit du thé très fort, na'achden e'mok" (cours express d'éduc sex, cours de récré, banlieue ouvrière 1978, auteur : mon pote Mohammed, quatre frères, une sœur, tous logés dans un appartement HLM de 75 m2).

 

Par contre, il y avait lui. Un garçon de mon âge, un blond, nu de face, une superbe photo en haute définition. Ma porn star à moi, mon héros, mon désir. Il a enchanté ma jeunesse, il a dû trembler où qu'il soit en recevant à distance des mégatonnes de désir générées par sa seule image.

 

Et puis, au fil du temps, mes yeux ont fini par glisser sur son copain ado de la page d'à côté. Puis sur l'adulte. Puis un jour, j'ai perdu le livre.

 

Si je compte bien, chaque image (fixe et non érotique !) m'a fait trois ans.

 

Alors, si tu t'énerves parce que ton blog de "vidéos fétichiste des pieds gauches de mecs" préféré n'a pas été renouvelé depuis trois jours, laisse-moi loler. C'était pire à la préhistoire !

 

Publié dans enfance

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