Même s'il n'est pas un dieu

J'ai reçu des messages - merci ! - d'encouragement, de remarques, de remerciement même, pour ces quelques pages.

Comme on peut m'écrire en privé - ça n'engage à rien - la parole se libère, et je réalise bien sûr que je ne suis pas le seul à être devenu le contraire de ce à quoi il aspirait, sur le plan sexuel j'entends. Je réalise aussi, je n'y avais pas trop pensé avant, qu'il y a aussi des gays assumés et "publics", ayant ou ayant eu des partenaires sexuels mâles réels (contrairement à moi) mais qui se reconnaissent terriblement dans les plus nostalgiques, romantiques et tristes de mes lignes. On peut accumuler les kilomètres de bite et se retrouver seul, rêvant au prince charmant, autant que les mecs cachés dans mon genre...

Il y a aussi des tas d'hétérosexuels seuls, c'est indéniable. Et des tas d'hétérosexuels mal mariés, mal apairés, malheureux comme les pierres, qui attendent le grand amour. Il y en a aussi bien plus que ce que qu'on croit, qui meurent puceaux, et seuls. Il y a des tas de gens qui n'ont jamais entendu qui que ce soit leur dire "je t'aime", même pas pour de faux. 

Je ne suis, tu n'es pas, le seul à rêver...

Maintenant que j'ai bien pourri l'ambiance, où est-ce que je veux en venir ?

Je crois qu'il y a au fond de nous quelque chose qui nous dépasse, qui s'appelle la soif d'être aimé, qui ne connaît pas de limite. Je crois que l'insatisfaction menace n'importe quel être humain, la quête d'un amour absolu et plus grand, menace de nous faire gâcher les pauvres occasions, que nous avons, d'aimer.

Nous attendons de l'autre ce que nous ne pouvons pas nous-même lui apporter.

Les croyants expliquent ça en disant qu'il y a en l'homme une soif que "Dieu seul peut combler". Il ne faut pas en rire trop vite je crois. Cette pensée, même si elle peut sembler rebutante, a au moins quelque chose de libérateur, en ce qu'elle ne nous fait pas attendre d'un être humain qu'il soit un dieu.

Moi, pour l'heure, je prendrais bien juste un peu de chaleur humaine - même s'il est perfectible, même s'il n'est pas un dieu.

Si tu as un garçon auprès de toi, s'il t'énerve ou que tu as des tas de chose à lui reprocher - pardonne-lui, aime-le.

Même s'il n'est pas un dieu...